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St Barthélémy - octobre 2015 |
C'est terrible comme une envie d'évasion
peut devenir quasi constante quand on sait qu'on n'est pas là où on
devrait-être...
Et je sais que je ne suis pas là où je
devrais être!
Faisons un petit tour dans le passé.
J'ai passé une grande partie de mon
enfance et de mon adolescence à être trimbalée dans les bagages de mes parents
d'un pays à un autre.
A l'époque je considérais cette vie comme
malvenue, inacceptable voire insupportable. Je subissais puisque mon avis
n'était pas demandé.
J'ai aimé tous les pays dont je me
souviens, tous les voyages.
Je garde gravés à vie dans ma mémoire les
paysages, les couleurs et les gens merveilleux d'humanité que j'ai pu
rencontrer.
Je me suis attachée à tellement de
personnes et tellement de lieux que j'ai dû quitter que je ne pouvais pas
pardonner.
Il m'a fallu des années avant de me rendre
compte que c'était en réalité une véritable richesse.
Je parle plusieurs langues, suffisamment
pour pouvoir faire le tour du monde sans que la barrière de la langue puisse
m'empêcher d'échanger et de partager vraiment. Je peux communiquer, prendre et
donner, apprendre, comprendre et de ce fait apprécier d'autant plus les gens
que je rencontre.
J’ai dans ma tête des milliers d’images et
de souvenirs peu communs mais tellement enrichissants !
Je ne peux pas décrire ici tout ce que ces
ballotages à travers le monde ont pu m’apporter tellement je me sens pleine de
souvenirs merveilleux…qui m’ont permis à l’époque de remplir de belles choses
la réalité de ma vie complexe et douloureuse…sans même que j’en sois
consciente.
Retournée en France pour ma terminale j’ai
été confrontée au pire.
Le véritable racisme n’a en vérité aucun
rapport avec la couleur de peau : il vient de la différence.
Je ne vais pas faire un paragraphe sur ce
sujet, j’y reviendrai sur un autre post.
J’ai donc fait mon possible pour me
dépêcher de finir mes études, et même de partir en finissant mes études par
correspondance, pour trouver mon « chez moi ».
Ironie de la vie et complexité de nos
petits cerveaux : moi qui voulais rester « chez moi »… je me
suis mise à fuir la France… et à voyager, encore et encore…
Je me sentais libérée !
Je passe sur les détails…mais le sort m’a
finalement fait atterrir sur une toute minuscule petite île paradisiaque :
Saint Barthélémy.
Et là, tout a changé, parce que je me suis
enfin sentie chez moi !
J’avais atteint le lieu où je voulais
vivre, rester, créer, faire ma vie entière : j’étais bien, pausée,
heureuse.
Je n’ai pas besoin de beaucoup. De beaux
paysages tous les jours à perte de vue, la mer, la tranquillité d’esprit et de
vie, les amis, les amours, mes chats, mon perroquet à l’époque venu avec moi
dans l’avion et autres petits compagnons errants qui ne me quittaient pas.
Je n’ai jamais eu ce que l’on appelle une
vie facile, je suis une contradiction voire une contre-probabilité à moi toute
seule, mais tout devenait supportable voire même confortable.
Il m’a fallu des années avant de comprendre
pourquoi je me sens incommodée partout, sauf à St Barth.
J’avais une petite 20 aine d’années, un « chez
nous », enfin une vie qui me satisfaisait vraiment, des projets, une vie
bien remplie de tout ce qui peut donner envie de se lever le matin avec le
sourire… Puis le sort s’en est mêlé.
Et j’ai tout perdu !
Je ne vais pas non plus rentrer dans les
détails, mais la vie à voulu que tout ne se passe pas comme je l’espérais.
La maladie, le retour à Paris, la
souffrance, le laisser-aller, la solitude, l’autodestruction, la douleur… ma
vie avait pris un virage tellement violent que, quelque part, j’ai toujours eu le
sentiment que l’on m’a volé ma vie à ce moment-là.
J’ai fait face, j’ai avancé, je suis
devenue de plus en plus forte…mon optimisme et mon sourire grandissaient
proportionnellement aux épreuves de ma vie.
J’ai tenu le coup en restant qui j’étais
et en aimant l’autre… les autres…comme avant.
Je suis fière de moi !
Mais une pensée reste gravée en moi, comme
un tatouage, comme une lumière qui me
fait tenir le coup : j’y retournerai !
Je recommencerai, je retrouverai une bonne
fois pour toutes mon « chez moi ».
J’y vais régulièrement, pas assez souvent
à mon goût, mais j’y retournerai, bientôt, et je reprendrai, même en partie, le
cours de ma vie et de mon histoire.
Parce que c’est là-bas que je veux être…depuis
mes 20 ans !
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